COVID-19 : Une Opportunité pour tester la Pertinence et l’Efficacité de la Société Civile

COVID-19 : Une Opportunité pour tester la Pertinence et l’Efficacité de la Société Civile

Depuis l’apparition de la pandémie du coronavirus (COVID-19), le monde a connu quelques mois tumultueux. Cette pandémie a modifié de diverses manières les relations et les interactions entre les citoyens et entre les citoyens et les institutions. La plupart des pays ont été à la merci de cette pandémie dévastatrice et un secteur clé qui a été mis sous les feux du projecteur est la société civile.

Il est important d’affirmer que la valeur intrinsèque de la société civile est attribuée à sa mission et à son pouvoir de mobiliser les citoyens et les communautés pour soutenir les causes sociales. Le COVID-19 constitue une menace existentielle sur la pertinence et la légitimité de la société civile. Ce sont des principes clés qui permettent au secteur de la société civile de trouver une expression, un sens et un impact.

Plusieurs discussions et conversations concernant la réponse de la société civile à la pandémie COVID-19 ont eu lieu sur diverses plateformes virtuelles, en termes d’adaptation des opérations mais aussi d’efficacité de l’engagement de la société civile auprès des communautés. La question qu’il convient de se poser est la suivante : dans quelle mesure la société civile est-elle représentative, réactive, coopérative, résiliente et influente ? Et, comment ces éléments contribuent-ils à l’efficacité du secteur ?

1. Représentation

Il y a une série de questions qui nécessitent réflexion et considération alors que la société civile cherche à s’assurer que la représentation apporte des avantages tangibles aux communautés en ces temps difficiles. Ces avantages comprennent, mais sans s’y limiter, ceux qui suivent :

· La société civile a-t-elle répondu à la crise d’une manière qui montre qu’elle représente les intérêts des communautés ?

· Dans quelle mesure la société civile a-t-elle pu “écouter” les communautés qu’elle représente et veiller à ce que leurs préoccupations se reflètent dans les initiatives, programmes et projets visant à répondre aux besoins de ces communautés ?

· Que signifie la représentation dans une situation de pandémie ?

· La représentation est-elle seulement une question de chiffres et de mesures ? Est-ce que cela va au-delà de la notion selon laquelle la société civile donne une voix ? et que signifie donner une voix aux groupes marginalisés dans un scénario de pandémie ?

· Pouvons-nous continuer à faire de la représentation comme d’habitude, ou devons-nous être plus innovants et créer de nouvelles tactiques d’engagement pour naviguer dans cet avenir incertain ?

· Quelles sont les nouvelles formes et stratégies de construction de la solidarité que nous devons employer ?

Tout en réfléchissant à ces questions, il sera pertinent de reconnaître que la société civile en tant que secteur englobe un large éventail d’acteurs.

Alors que la diversité aurait dû être synonyme d’un fort pouvoir de représentation, l’absence de normes et de mécanismes clairs et consensuels permettant aux citoyens

d’autoriser la représentation et de garantir la responsabilité et la réactivité constitue un obstacle majeur à la représentativité du secteur.

2. Réactivité

Plusieurs acteurs de la société civile ont fait valoir que pendant les deux premiers mois où la pandémie a attiré l’attention du monde entier, la société civile était dans un état de “coma”. Le secteur ne savait manifestement pas comment réagir, aider et s’engager avec ses différents partenaires et communautés. Même si les projets mis en œuvre par la société civile comportent généralement une composante de gestion des risques, la pandémie en cours peut être décrite comme un hibou noir, une métaphore qui décrit souvent un événement qui, s’il est surprenant, a un effet majeur,

Certes, certains projets ont pu inclure dans leur évaluation des risques la possibilité d’une épidémie locale comme un risque majeur pouvant affecter les résultats du projet. Toutefois, il est très peu probable que les conceptions des projets aient pris en compte la possibilité d’une pandémie mondiale et les stratégies d’atténuation pour y faire face.

Il est donc devenu évident que la société civile doit développer une collaboration pour mener rapidement l’analyse des scénarios et la planification des interventions d’urgence. Il apparaît également que la société civile en tant que secteur a beaucoup à apprendre. Il est donc nécessaire de veiller à ce que les réponses actuelles au COVID-19 fassent l’objet d’un apprentissage et d’une documentation complets afin de guider des interventions futures plus efficaces et plus réactives dans les situations de crise.

3. Collaboration

Le COVID-19 a clairement démontré que les poches d’excellence et les efforts individuels passionnés sont les bienvenus mais ne sont pas suffisants. La pandémie a montré que les efforts collectifs de la société civile constitueront la plus grande possibilité de changement. La société civile est mise au défi d’améliorer ses méthodes de travail et ses stratégies opérationnelles. La société civile doit approfondir ses partenariats et travailler plus étroitement au-delà des intérêts thématiques et des groupes d’intérêt.

Le défi consiste pour les groupes de défense de la justice sociale, de l’humanitaire et de l’environnement à travailler ensemble de manière transparente et coordonnée pour ne laisser personne derrière. Il est certain que le moment est venu d’apporter une réponse cohésive et coordonnée aux problèmes qui touchent l’humanité. La société civile ne doit pas aborder les problèmes de manière isolée, mais travailler collectivement en utilisant les forces individuelles, dans le respect mutuel et, surtout, en faisant participer les communautés, en veillant à ce qu’elles soient à l’avant-garde des changements qui doivent se produire. Le COVID-19 est une occasionpour développer des partenariats intersectoriels innovants avec le gouvernement et le secteur privé qui dépassent les cercles restreints de la société civile.

4. Résilience

La société civile peut atteindre les objectifs ci-dessus si le secteur lui-même est résilient. Le faire signifie que les regroupements sous forme organique et organisée sont forts et robustes. Cela implique notamment d’avoir la capacité de s’adapter rapidement aux situations d’urgence, de soutenir leurs causes et, plus pertinemment, d’être le “moteur” de

ces changements sociaux. Par conséquent, la question des ressources financières et non financières devient extrêmement importante.

Le défi consiste pour la société civile, en particulier dans le Sud, à explorer différentes voies pour mobiliser des fonds et des compétences, en réduisant la dépendance à l’égard de l’aide extérieure mais en se tournant vers l’intérieur, en renforçant les capacités pour accéder aux financements des communautés nationales. Cela permettrait de renforcer la résilience, pas la résilience pour mettre en œuvre des projets, mais la résilience pour soutenir le changement social.

5. Influence

La société civile continue à influencer de manière positive, les changements sociaux et politiques majeurs dans les communautés du monde entier. Cependant, les effets du COVID-19 mettent la société civile au défi d’accroître son influence et sa capacité à faire une différence significative dans la réduction de la pauvreté et des inégalités dans les communautés. Il est devenu évident qu’en tant que secteur, la société civile ne peut pas réaliser des transformations majeures en travaillant seule.

Pour que la société civile contribue de manière significative à la réalisation des objectifs de développement durable et pour que personne ne soit laissé pour compte, le secteur doit s’engager de manière solide, respectueuse et coopérative avec les gouvernements, le secteur privé, les communautés traditionnelles, les organismes religieux et les associations familiales.

La capacité de la société civile à agir comme un catalyseur et comme une plate-forme permettant aux citoyens de partager leurs points de vue est vitale. Le secteur doit veiller à ce que son influence façonne la culture de gouvernance, la démocratisation et la promotion des libertés fondamentales. L’influence de la société civile doit s’étendre au-delà des cercles politiques, des communiqués, des lettres ouvertes, des campagnes de sensibilisation et des rapports, pour se traduire par des progrès réels, pertinents et tangibles, en particulier pour les communautés marginalisées.

6. L’opportunité dans l’Incertitude

L’histoire nous a montré qu’en période d’incertitude, il y a toujours des opportunités. Nous vivons des temps difficiles, mais la société civile a également l’occasion de mettre à profit ses années d’expérience en matière d’organisation, de facilitation de l’engagement communautaire et de responsabilisation des gouvernements et des parties prenantes pour relever les défis actuels. La société civile doit répondre à cette « nouvelle normalité » pour s’assurer qu’au-delà de la rhétorique, elle exploite ses atouts, notamment sa nature représentative et réactive, son potentiel de collaboration, sa résilience et son influence. Le moment est venu pour la société civile de consolider sa position en tant que catalyseur indispensable d’un changement social durable et d’une action menée par la communauté.

Share:

Leave your comments