LE CHÔMAGE AU GHANA : LA SITUATION DE LA JEUNESSE GHANÉENNE
Le chômage reste le problème de développement le plus difficile auquel la plupart des dirigeants africains, si non tous, sont confrontés. La situation est plus effrayante au Ghana, où la population est principalement considérée comme jeune, combinée à la forte demande d’emplois durables ; c’est pourquoi des mesures strictes sont nécessaires.
Près de 57 % de la population est composée de personnes âgées de 15 à 24 ans, ce qui est inimaginable. On estime en outre que plus de 300 000 jeunes terminent chaque année leurs études dans les différents établissements d’enseignement supérieur dans tout le pays : universités, écoles polytechniques et collèges d’enseignement. Toutefois, seule une minorité de ce nombre obtient un emploi. Les données disponibles indiquent que seulement 10 % des diplômés obtiennent un emploi chaque année. Cette situation aggrave encore les malheurs des jeunes demandeurs d’emploi, qui dépendent littéralement de leurs parents pour survivre en l’absence de l’emploi de leurs rêves.
Ces derniers temps, la recherche d’un emploi est devenue une tâche herculéenne pour ceux qui ont suffisamment de principes pour maîtriser leurs frustrations afin de résister à la tentation de devenir la proie du cancer du « sexe en échange de travail » et du « qui vous connaissez ». Ce syndrome perdure depuis très longtemps. Il a causé des nuits blanches à de nombreux jeunes diplômés, voire dans certains cas, une dépression, au point que certains ont recours au suicide.
D’autres doivent canaliser leurs frustrations vers l’abus de substances. Cela a largement contribué à la hausse des cas de toxicomanie enregistrés sur le continent. Ce sujet du chômage ne doit pas être abordé de manière isolée. La conversation doit être menée de manière à aborder d’autres phénomènes tels que la santé mentale, l’exode rural, la criminalité transfrontalière et l’immigration clandestine, car ces maux de société sont principalement provoqués par le chômage. L’apparition de l’épouvantable COVID-19 a même aggravé la situation. Selon le ministère de l’emploi, plus de 11 000 personnes ont perdu leur emploi à cause de la COVID-19.
Au cours des trois dernières décennies, les gouvernements successifs ont tenté de mettre en place des politiques visant à atténuer le chômage et ses conséquences. Malgré cela, leurs efforts se sont révélés être une approche instinctive, conçue comme de la propagande et des outils politiques mis en place pour attirer des votes et détourner les fonds publics.
Dans ce contexte, il est urgent de s’attaquer au phénomène du chômage des jeunes. Pour ce faire, les efforts visant à réduire le chômage doivent être déployés de manière à s’attaquer de front et sans merci au cancer. Habituellement, les décideurs politiques se tournent vers les symptômes plutôt que de s’attaquer aux causes profondes. Ces causes profondes sont souvent de nature économique, sociopolitique et socioculturelle, ce qui nécessite des consultations et des dialogues plus approfondis et plus larges.
Vivre sans emploi est un phénomène à multiples facettes et multisectoriel qui nécessite un engagement plus large des parties prenantes dans la formulation de solutions et de politiques pratiques adaptées à la réalisation d’un emploi durable. L’engagement des parties prenantes doit être contextualisé de manière à permettre aux éducateurs, aux fonctionnaires, à la Chambre de commerce, aux responsables de la jeunesse, aux opérateurs économiques et aux organisations de la société civile (OSC) de jouer un rôle actif dans la résolution des problèmes qui alimentent le chômage au Ghana.
Afin d’éradiquer complètement l’apparition et la récurrence du chômage des jeunes et de ses excès, les parties prenantes doivent prendre connaissance des questions suivantes :
- Les jeunes sont-ils employables, c’est-à-dire disposent-ils des connaissances et des compétences nécessaires que le marché du travail actuel exige ?
- Sont-ils prêts pour la quatrième révolution industrielle ?
Les réponses à ces questions et à plusieurs autres offrent aux parties prenantes une plus grande possibilité et perspective de trouver une solution permanente : des solutions qui placent les générations actuelles et futures dans une position favorable qui donne à la jeunesse ghanéenne moyenne la dignité et le respect.
Au cours des 62 dernières années, le Ghana s’est trop appuyé sur un système éducatif qui, dans une large mesure, récompense les étudiants qui peuvent mémoriser et reproduire pendant les examens (en théorie) au détriment de l’enseignement pratique et technique. Il est certain que cette forme d’éducation est inapte par rapport au type de diplômés qui sont formés ailleurs, en particulier dans les pays développés du monde.
La situation, si elle n’est pas maîtrisée, ne fera pas qu’aggraver le chômage, elle augmentera aussi la dépendance continue du pays, par exemple, à l’égard des experts et des technocrates de l’industrie de la construction de Chine et d’Europe qui sont en concurrence pour les emplois qualifiés dans le pays.
En outre, les fonctionnaires et les experts financiers font souvent référence au secteur privé comme étant le moteur de la croissance. Si cette affirmation est effectivement fondée, alors il convient d’accorder une attention particulière au secteur privé en créant un environnement favorable à la prospérité des petites et moyennes entreprises. L’esprit d’entreprise est l’un des principaux moyens par lesquels le Ghana peut créer des milliers d’emplois durables. Il est donc important d’encourager les jeunes entrepreneurs.
Des mesures délibérées telles que des prêts à taux réduit, des exonérations fiscales, entre autres mesures de relance, devraient être accordées aux jeunes entrepreneurs, car leur maintien en activité permettra non seulement de lutter contre le chômage, mais aussi d’accroître le produit intérieur brut (PIB) du Ghana.
Étant donné que les jeunes sont les futurs leaders largement acclamés, le chômage ne devrait certainement pas faire partie des nombreux problèmes auxquels ils sont déjà confrontés.
Le destin de notre continent ne dépend pas de l’abondance ou de la pureté de notre or ; mais il repose sur la dignité, la confiance et la survie de la jeunesse d’aujourd’hui.