Le Moment ZLECAf des OSC Africaines

Le Moment ZLECAf des OSC Africaines

Il n’y a pas de meilleur moment que maintenant pour les organisations de la société civile (OSC) pour soutenir la mise en œuvre de la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECAf). La ZLECAf vise à créer un marché continental unifié qui fonctionne au profit de ses citoyens, et cet objectif est étroitement lié au travail des OSC à travers l’Afrique.

Afin de créer un continent qui prospère grâce à ses ressources intérieures et à une plus grande coopération économique, l’intégration des citoyens africains est une condition préalable. Les petites économies n’ont aucune chance de soutenir leur croissance autrement, et les grandes économies ne peuvent pas compter uniquement sur les exportations hors du continent pour maintenir la transformation de leurs économies. Les vastes pays que sont la Chine et l’Inde représentent des modèles d’intégration interne qui tirent parti de la libre circulation des personnes à l’intérieur de leur pays et qui, de ce fait, ont pu tirer parti des ressources humaines et financières nationales. En revanche, à ce jour, les Africains ont un accès libéral à 51 pourcents du continent, ce qui limite notre capacité à tirer pleinement profit de nos ressources internes.

La ZLECAf ne peut pas réussir lorsque les gens ne peuvent pas transporter leurs biens et services avec eux. La libre circulation des personnes est une question pour laquelle les OSC peuvent jouer un rôle car elle n’affecte pas seulement le commerce. Ces restrictions augmentent la vulnérabilité des populations de migrants et de réfugiés sur le continent. Les OSC doivent renforcer les liens entre les questions nationales qui les concernent et les questions continentales qui peuvent stimuler le commerce intra-africain.

La ZLECAf vise à renforcer la coopération et l’intégration économiques entre les pays africains. Elle commence par la compréhension des enjeux par les citoyens afin d’accélérer l’intégration économique grâce au travail des citoyens dans l’économie informelle. Si l’industrialisation et la transformation structurelle sont importantes, il est essentiel que la ZLECAf s’appuie sur les économies dont nous disposons sur le continent africain. En effet, le véritable changement viendra de la transformation des opportunités cachées de l’économie informelle.

Les OSC ont fait entendre leur voix sur des questions telles que le VIH/SIDA pour inciter les dirigeants africains à faire un pas de plus contre l’impact viral de la maladie sur la vie des Africains. L’impact des OSC sur la résolution du problème a été considérable. Il a fallu coordonner les efforts avec le financement national et externe pour sauver plus de vies. Cette expérience de coordination à travers le continent doit nous servir à faire avancer l’objectif de concilier les idéaux politiques de Kwame Nkrumah – intégration politique – avec le fil économique ancré dans l’économie informelle. Pour la transformation socio-économique, l’Afrique doit commencer par la structure actuelle de ses économies tout en cherchant à construire une économie formelle plus forte.

Mais pour cela, nous devons fournir aux OSC les outils et les éléments qui leur permettront de plaider en faveur du type de changement qui augmentera notre capacité à mobiliser des ressources nationales pour les questions qui nous importent. Mais, leur travail est déjà fait pour eux. Elles doivent faire pression sur les citoyens pour qu’ils acceptent que les économies informelles ne soient pas ce que nous supposons qu’elles sont : illégales. Cette barrière psychologique rend impossible toute tentative d’intégration du système économique informel dans le système mondial.

En réalité, il est déjà intégré. Les opérateurs de réseaux mobiles vendent le crédit pour les données et la voix à travers un réseau dense de commerçants informels aux feux de circulation ou à d’autres endroits. Je me souviens de l’histoire de Teresia qui vendait des vêtements sous un arbre à la frontière entre le Kenya et l’Ouganda. Alors que sur la surface, ses efforts peuvent sembler au hasard, en réalité, elle paie les impôts du gouvernement du comté, tient des registres de son commerce et utilise l’argent mobile pour les dépôts quotidiens. Elle investit US$ 20,000 dans des biens commerciaux par an, mais son entreprise et sa contribution tomberont entre les mailles du filet d’Afcfta si les OSC ne prennent pas la question en main et ne plaident pas en faveur du commerce pour refléter la réalité de nos économies.

Le point faible de nos économies est que nous ne reconnaissons pas les compétences de Teresia et de nombreux autres travailleurs du secteur informel sur le continent. Ainsi, l’AfCFTA offre un catalyseur pour les OSC de tout le continent afin de résoudre un problème qui va changer la structure économique des femmes, des jeunes et des familles en Afrique.

À l’heure actuelle, 54 des 55 États membres sont signataires de l’accord AfCFTA. Dans tous ces pays, le pouvoir de l’économie informelle est réel. Et les OSC qui travaillent en étroite collaboration avec les communautés sont les mieux placées pour plaider en faveur de l’AfCFTA afin d’embrasser l’Afrique que nous avons grâce à l’esprit créatif de nos citoyens.

La ZLECAf est le ciment qui maintiendra les citoyens africains ensemble. Si beaucoup soutiennent que l’industrialisation doit passer en premier, nous devons également reconnaître que les commerçants informels savent ce que les citoyens achètent. Ainsi, cela devrait nous donner une idée de ce dont le marché a besoin dans notre effort pour produire en Afrique ce que nous consommons tout en permettant aux citoyens de se déplacer librement à l’intérieur de l’Afrique.

 

About the author

Carl Manlan, from the Ivory Coast, is an economist with a Masters in Public Administration from Harvard Kennedy School at Harvard University. His areas of expertise include African economic transformation, health, finance and project implementation. Having worked with communities in Africa, he has developed systems to improve public health financing to fight HIV/AIDS, tuberculosis and malaria. He is currently the chief operating officer (COO) of the Ecobank Foundation which aims to improve the quality of life of people across the African continent with a focus on three areas: health, education and financial empowerment.

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Carl Manlan

Carl Manlan, from the Ivory Coast, is an economist with a Masters in Public Administration from Harvard Kennedy School at Harvard University. His areas of expertise include African economic transformation, health, finance and project implementation. Having worked with communities in Africa, he has developed systems to improve public health financing to fight HIV/AIDS, tuberculosis and malaria. He is currently the chief operating officer (COO) of the Ecobank Foundation which aims to improve the quality of life of people across the African continent with a focus on three areas: health, education and financial empowerment.

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