Renforcer les Capacités des Jeunes Africains pour Répondre aux Défis du Futur
L’irruption récente dans l’actualité internationale et dans le paysage médiatique de nombreuses technologies d’intelligence artificielle telles que ChatGPT nous amène inéluctablement a repenser le fonctionnement de nos sociétés.
C’est dans cette optique que l’autorité gouvernementale en charge de l’éducation à Hong Kong a annoncé l’insertion de cours sur la maîtrise de l’intelligence artificielle dans le programme scolaire destiné aux élèves âgés de 12 à 15 ans. i
Non seulement cela constituera l’occasion pour eux de se familiariser à l’usage de ces nouvelles technologies, mais encore, de s’engager dans un processus de réflexion critique sur les enjeux éthiques, sociaux, et les potentielles dérives qui y sont liés.
Ainsi, cet événement illustre l’importance de l’adaptation de la formation dispensée aux jeunes aux constantes évolutions du marché du travail, elles même influencées par de plus grandes dynamiques mondiales.
En septembre 2022, Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations Unies, déclarait que “ “Les programmes scolaires inadaptés, la formation obsolète des enseignants et les méthodes d’enseignement révolues privent les élèves des compétences nécessaires pour naviguer dans le monde en rapide évolution d’aujourd’hui.”1
L’Afrique n’est pas exempte de la dynamique générale de prise en compte de cette exigence. Au contraire, elle a même l’obligation d’y jouer un rôle important, tant l’éducation de sa population jeune constitue un levier majeur de développement à exploiter.
En effet, le continent compte une part conséquente de population jeune. Sa prise en compte effective par les politiques publiques est requise pour générer des dynamiques de développement. Des formations adaptées aux enjeux et défis actuels leur permettront de s’insérer de manière durable dans le marché du travail, mais aussi d’être des acteurs du développement porteurs d’impact positif au sein de leurs communautés.
Selon une étude des Nations Unies, l’âge moyen en Afrique atteindra 21 ans en 2035 et 24 ans en 2050, contre à peu près 35 ans dans d’autres régions du monde comme l’Asie de l’Est et le Pacifique.
Néanmoins, de nombreuses études démontrent l’inadéquation entre les formations dispensées avec les besoins du marché du travail. Le constat est quasi unanime à l’échelle continentale : de nombreux étudiants rencontrent des difficultés dans leur recherche d’emploi à la fin de leur cursus. Partout à travers le monde, les gouvernements se saisissent de cet enjeu à travers des processus de réforme des systèmes éducatifs.
En Cote d’Ivoire, où le nombre de jeunes arrivant sur le marché du travail se situe entre 300.000 et 400.000, le gouvernement a par exemple initié la mise en place d’une agence emploi jeunes.
Parallèlement au travail de restructuration systémique effectué par les pouvoirs publics, de nombreuses organisations de la société civile contribuent à leur échelle à la formation des jeunes, dans l’objectif de favoriser leur insertion professionnelle ainsi que leur autonomisation. C’est par exemple le cas d’associations comme l’AJED (l’Association des Jeunes pour l’Emploi et pour le Développement) et de Youth Institution for Education.
Par ailleurs, il est intéressant de constater l’existence d’initiatives à l’échelle sous-régionale, s’attaquant à ce défi. C’est le cas du programme de stage « Next Generation Internship » proposé par l’Institut pour la Société Civile en Afrique de l’Ouest, (WACSI) depuis 2008.
Créé dans une perspective de formation des jeunes leaders issus de différents pays d’Afrique de l’Ouest, ce programme de stage vise à renforcer leurs capacités et compétences techniques transversales en matière de gestion des connaissances, de plaidoyer, d’accroitre leurs connaissances en ce qui concerne les divers enjeux sociaux-économiques de développement, de développer leur sens du leadership, et de la responsabilité. Les stagiaires sélectionnés sont ainsi exposés à une variété de compétences qu’ils auront l’occasion de développer, en dehors de la cellule à laquelle ils ont été initialement assignés, et d’acquérir des compétences solides en communication, processus de suivi et évaluation, pour ne citer que ceux-là.
En proposant une telle opportunité aux jeunes ouest africains, l’institut pour la société civile en Afrique de l’Ouest contribue à cette dynamique globale de renforcement des capacités des jeunes en les insérant dans un environnement favorisant la rigueur et la responsabilité, à la sortie duquel ils seront équipés pour répondre aux divers défis de développement dans leurs communautés respectives, tout en étant aussi compétitifs sur le marché de l’emploi global.
Ce programme de stage est aussi une formidable occasion pour une personne francophone de renforcer sa compréhension de la langue anglaise. Enfin, son extension à un plus grand nombre de jeunes ne pourrait qu’avoir un effet bénéfique sur l’ensemble des sociétés africaines.
Sources :
https://documents1.worldbank.org/curated/en/590391468203358555/pdf/Rapport-complet.pdf
https://www.rfi.fr/fr/mfi/20140124-afrique-chomage-jeunes-dramane-haidara-oit-onu
About the author

Akoua Marie Andrea Bla Yao
Andréa est une diplômée bilingue (français et anglais) de science politique, avec une spécialité en développement et aide humanitaire, et gouvernance de projets de développement durable au Sud. Elle est passionnée par les perspectives de création d’une Afrique durable et prospère.